Adapter une œuvre théâtrale au cinéma n’est donc pas chose facile, car chacun des deux genres est à la fois ressemblant et spécifique. Historiquement, le cinéma a beaucoup pris au théâtre : en témoignent le jeu des acteurs, le développement des intrigues ou la réalisation des décors. Mais il a fallu adapter ces emprunts à son propre médium. Le Dieu du carnage repose sur des procédés éminemment théâtraux : dans un salon, à huis-clos, quatre personnages de la bourgeoisie tentent de résoudre un conflit en temps réel, mettant à l’oeuvre l’unité de lieu, l’unité de temps et l’unité d’intrigue chères au théâtre classique.
L’écriture de la pièce et le jeu des personnages subissent donc des contraintes fortes : le théâtre est régi par des conventions, et on y fait « semblant ». L’effet de réalisme n’est pas un argument recevable. Au cinéma, en revanche, on tente de donner pour vrai, même s’il faut en passer par des artifices techniques dissimulés.